La fin de Lost en débat à la Comic Con’

Publié le par Sullivan Le Postec

Le samedi 3 juillet, la Comic Con’ française a organisé un débat sur la fin de Lost, diffusée le 23 mai aux Etats-Unis et courant juin en France. Un retour en détail sur ce final qui depuis semé la controverse.

 

L’équipe de 8 Art City, Alain Carrazé et Romain Nigita, a réuni pour débattre de ce final quelques passionnés de Lost, des séries télévisées et de la culture geek, à savoir Mouloud Achour de Canal+,  Aurélien Allin et Emmanuelle Spadacenta de cinemateaser.com, Cédric Melon de Télé Câble Satellite Hebdo, et Thibaut de Saint Maurice, auteur de « Philosophie en séries ».

Retrouvez l’intégralité du débat en image, que je fais suivre de ma modeste contribution.

 

 


 

Man of faith / Man of science: homme de Foi contre homme de Science. Ce conflit, qui opposait les personnages de Locke et de Jack, était l’un des axes principaux de la série “Lost”. Et l’une des principales caractéristiques du final de la série est, en même temps que ce conflit se résolvait l’écran (Jack devenant finalement aussi un homme de Foi dans la dernière saison), de l’avoir transposé chez ses téléspectateurs.

 

Je me souviens d’une chose que j’avais entendue à propos du Seigneur des Anneaux, je crois à l’époque de la sortie des adaptations cinématographiques de Peter Jackson. La personne qui s’exprimait ne cachait pas son mépris total pour l’œuvre de Tolkien, et l’exprimait en ces termes : c’est de la « littérature pour matheux ». 

Passons sur le fond de la critique et de l’échelle de valeur exprimée, à la fois classique et peu intéressant. En termes moins condescendant, on pourrait dire que le Seigneur des Anneaux est de la littérature geek. Et le constat que l’on peut faire, c’est que cela ne l’a pas empêché d’être un énorme succès de littérature, qui se vend toujours très bien, plus de cinquante ans après sa première parution.

 

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Tout ça pour dire qu’il me semble qu’à la télévision, jusqu’à aujourd’hui, l’équivalent n’est pas possible. En tout cas certainement pas sur un Network, la Syndication dans les années 80-90, le câble dans les années 2000 ayant peut-être fourni quelques exceptions -- c'est moins vrai pour le câble qui s'adresse très peu aux geeks. C'est-à-dire qu’il ne peut pas y avoir de série geek à la télévision, parce que le niveau d’audience requis pour faire un succès télévisuel, largement supérieur à celui requis pour faire un succès de littérature, ne permet pas au public geek seul de faire d’une série un succès.

Par contre, évidemment, il peut y avoir à la télévision des séries aimées par les geeks, mais dont ces derniers sont une des composantes du public, parmi d’autres, que ladite série doit aussi séduire pour survivre sur les antennes.

 

C’est à mon avis, ce qui a conduit les séries mythologiques, de X-Files à Lost, à être toutes assez schizophréniques, en tout cas à être intensément polysémiques, à maintenir continuellement, en parallèle, plusieurs grilles de lecture et point d’entrées pour les téléspectateurs. 

Cette caractéristique qui fait leur réussite, et témoigne clairement d’un haut degré de maestria scénaristique, est aussi leur malédiction quand vient leur fin (voire même avant, si la série se prolonge trop longtemps comme X-Files). Parce que conclure, c’est généralement résoudre, trancher, faire des choix. Et les différents fils tendus au fil du temps, aux interactions magnétiques complexes, tendent à très mal supporter d’être soudain regroupés en une même pelote.

 

A la fin de Lost, seul les men of Faith parmi les téléspectateurs ont été pleinement satisfaits. Et je ne parle pas tant de l’aspect religieux en lui-même que du choix clair fait de mettre l’accent sur les aspects symboliques, sur le propos en sous-texte – dont la (sur-)interprétation est laissée à la libre interprétation de chacun – et sur les personnages. Les men of Science ont été pris de remballer leurs questions, leurs tentatives de rationalisation de la mythologie de l’île et leurs doutes sur les graves lacunes dramaturgiques de la série. 

En fait, Lost s’est tout simplement montrée absolument fidèle à elle-même à la fin : elle a offert aux téléspectateur un bon moment, à l’image de ceux qu’elle a enfilé comme des – très belles – perles, six saisons durant, sans trop se soucier de ce précédait ou de ce qui suivrait.

 

Lost est une série où triomphe l'instant présent sur la cohérence dramaturgique, la construction narrative, et même, quoi qu'en disent certains, la caractérisation des personnages. Et c'est précisément en cela qu'elle est, sans aucun doute, parfaitement représentative et emblématique de son époque.

Publié dans Ambiance

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S
Perso, je n’ai jamais pu voir la fin de la série Lost car j’avais des horaires pas très flexibles dans mon travail. Mais cet article me donne vraiment envie de revoir la série et de voir comment ça s’est terminé pour que je puisse me créer mes propres commentaires.
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O
<br /> je suis de l'avis de Mouloud, la fin de BSG sans tout résoudre (on se pose encore beaucoup de questions sur la genèse de tout ça) est magnifique... La fin de Lost dé crédibilise toute la série,<br /> elle est bancales et limite intégriste, laisse de nombreuses questions en suspend et impose des vérités totalement ridicules qui font dire a beaucoup de fans qu'ils ont été arnaqués... la montagne<br /> accouche d'une souris et Lost n'est plus à classer dans la liste des séries culte dont on se souvient avec délice, mais échoue directement<br /> dans au purgatoire (...) des créations qu'on a honte d'avoir supporté, vu le résultat final (un peu comme Ingrid Bétancourt ou l'équipe de France de Foot 2010 ^_^)<br /> <br /> C'est d'autant plus rageant que si on supprime la scène de l'église, voire tout l'univers parallèle crée dans la saison 6, on a une fin plus aboutie et beaucoup plus cohérente (la scène finale<br /> faisant écho au premier plan de la série est juste à tomber...)<br /> <br /> Pour résumer tout ça je dirais juste que j'ai l'impression d'avoir assisté à un énorme gâchis qui pourrait avoir des conséquence dans ma décisions de intéresser ou non aux prochaines créations de<br /> la production... histoire de ne pas être déçu à nouveau - car pour moi et sans prendre de gants, le final de Lost se révèle être l'un des plus raté de l'histoire de la télévision.<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Avez vous pensé à faire exécuter votre ingénieur du son ?<br /> <br /> blaque mise à part... le final de Lost est une véritable honte...on se croirait dans les anges du bonheur<br /> <br /> <br />
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M
<br /> La vidéo m'intéressait bien, mais le son est affreux, c'est inaudible ! Bien dommage... surtout que je vois qu'il y avait des micros. C'est pas possible de récupérer directement l'enregistrement du<br /> micro ?<br /> <br /> <br />
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