SORTIE DE PROJO - Les visiteurs sont de retour !

Publié le par Dominique Montay

Le point d'exclamation est peut être un peu trop enthousiaste, mais soit. Donc, « V », vous vous en souvenez très certainement, c'est une série période brushing qui nous conte l'histoire de l'invasion d'extraterrestres-lézards pas très sympas qui se font passer pour de beaux humaoïdes très agréables, pour mieux nous berner. Alors que le grand public n'y voit que du feu, une minorité forme la résistance, bien décidée à débarrasser le monde de la vile menace.

 

La série d'origine fut créée par Kenneth Johnson, et même s'il reste crédité au générique en tant que tel, il n'a rien à voir avec la version de 2009 arrivée sur les écrans américains cette année [Son crédit a d'ailleurs été arraché judiciairement. C'est bien, parce que cela lui permet de toucher plus d'argent sur ce recyclage de sa création. C'est dommage, parce que cela ternit un peu son œuvre, Note de Sullivan].

 

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« V » a débarqué en même temps qu'une autre série phare d'ABC, « Flashforward », les deux portant sur les épaules la lourde succession de « Lost » dans la catégorie série cool ultra addictive. « Flashforward » a payé par son manque de qualité générale et n'aura pas de seconde saison. « V », si. Mais est-ce que ça vaut le coup ?

 

On passera rapidement sur le débat sur l'utilité des remakes. Ils existent, c'est un fait. « V », de plus, est moins un remake qu'une remise à zéro d'une saga. Les comics books le font depuis des années, entre autre via Marvel et sa collection Ultimate, la télé l'avait fait auparavant avec « Battlestar Galactica », et ce avec brio pendant deux saisons. Ici peu de brio. La série démarre sur un rythme assez soutenu, mais où au final il ne se passe pas grand-chose. Si l’arrivée des extra-terrestres se fait assez rapidement et limite les expositions de personnages à dix minutes, on regrettera la coupure générique venue d’un autre temps, avec une sortie de séquence pré-générique sur l’apparition du visage d’Anna, la représentante des Visiteurs, puis une entrée de séquence post générique sur le même visage. Un effet daté et peu habile qui trahit un énième remontage de pilote.

 

Maladroit sur la tension issue de ses multiples cliffhangers publicitaires, « V » continue d’empiler les problèmes de montage comme cette succession quasi instantanée de deux séquences totalement identique, où un personnage demande à un autre « Parlons. Que ce passe-t-il avec toi ? ». Si « V » avait été une parodie, on aurait eu droit à une troisième répétition avec un autre duo. Mais ici point de parodie, mais une succession de maladresses. Reste le personnage du journaliste présentateur de JT joué par le revenant Scot Wolf (« Party of five »). Un acteur très talentueux à qui sa minuscule taille a coûté une carrière plus fournie. Choisi par les Visiteurs pour être l’interviewer privilégié, il a la mauvaise surprise d’être pris en otage par Anna, qui lui impose de ne poser que des questions positives. Il a le choix entre quitter le plateau et flinguer sa carrière ou jouer à l’attaché de presse et devenir le reporter exclusif d’un moment historique.

 

L’autre point plutôt réussi, c’est ce personnage d’homme d'Église qui prône le scepticisme en plein sermon. Ses arguments sont ceux d’un scientifique : « attendons de voir », « ne sombrons pas dans la dévotion »… comme rarement, une fiction U.S. nous montre un ecclésiastique qui aurait eu des doutes s’il avait rencontré Jésus, repoussant la foi, pourtant fondement de base de son dogme. La première scène qui montre ce prêtre sauver un homme sur qui tombe un énorme crucifix, dont la chute fait voler en éclat le Jesus-Christ qui y est représenté. Symbolisme fort, même s’il n’est pas du tout discret.

 

Le final empile les twists dans une cacophonie insupportable. La succession « les visiteurs sont des lézards – mais tu es un traître – ah tu es venu  me sauver – ah tu es aussi un visiteur » est absolument ridicule, comme si les auteurs avaient utilisé leur pilote pour évacuer tout ce dont ils ne voulaient pas parler. La suite reste à voir, cette impression de pilote moult fois remonté jouant en faveur des auteurs, qui pourraient, potentiellement, se révéler quand la série trouvera sa vitesse de croisière. Mais en tant que tel, le pilote est un ratage quasi complet. 

 

Publié dans Projections

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