CODE QUANTUM – 5.22 : Mirror Image (Le Grand Voyage)

Publié le par Sullivan

Il n’y a pas qu’un certain Docteur pour se promener dans le temps. En hommage au Seigneur du Temps à l’honneur lors de cette troisième édition de la Comic Con parisienne, était projeté l’épisode 97, c'est-à-dire le tout dernier «Code Quantum», intitulé «Mirror Iamge».

 

QL01.jpgRegardée d’aujourd’hui, «Code Quantum» est une série qui a quelque chose d’un peu étrange, ce qu’elle doit à son époque de production, à la charnière entre les séries des années 80 et celles des années 90.

A la base, un concept de science-fiction – Sam Becket vient du futur par rapport à l’époque de production de la série, qui a débuté en mars 1989 – précurseur du sci-fi boom à venir. Mais en vérité, la science-fiction n’est qu’un prétexte à envoyer un héros unique explorer l’histoire récente des Etats-Unis. La série se compose donc uniquement d’épisodes bouclés, sans continuité, quasiment sans récurrence, et c’est ce qui la rend un peu décalée par rapport aux productions contemporaines.

 

C’est seulement dans sa toute dernière saison, la cinquième, que la série avait introduit l’esquisse de quelque chose qu’aujourd’hui on appellerait ‘‘mythologie’’, avec l’introduction d’une autre voyageuse temporelle, sorte de double maléfique de Sam Beckett. Mais la greffe, tardive, n’avait pas pris.

 

L’absence totale d’une grande histoire parcourant les épisodes rend par contre le travail des auteurs bien plus facile pour ce qui concerne ce tout dernier épisode. Il n’y a pas de mystère à résoudre, pas véritablement de questions auxquelles répondre. Et donc, pas d’effet dégonflage de baudruche façon «X-Files» ou «Lost».

Sans poids mort à transporter, Donald P. Bellisario peut citer quelques-uns des épisodes les plus marquants de la série et s’attarde sur celui qui est peut-être le plus marquant dans un épisode minimaliste et centrée sur la psychologie de son héros au cœur très pur.

 

Sam est transporté dans son propre corps, à l’instant même de sa naissance, dans un petit bar d’une ville minière. Le tenancier du bar s’appelle Al, et Sam comprend bien vite que cet inconnu n’est pas un barman comme les autres.

Il est plutôt la réponse à une question métaphysique laissée en suspens depuis le Pilote : qui décide des voyages de Sam et de ceux qu’il doit aider? Dieu, le Temps, le Destin? Ce barman est l’incarnation de l’un de ces concepts. Face à Sam, il a emprunté son nom à celui qui, depuis les débuts de la série, est le guide de Sam, et l’aide dans les décisions qu’il doit prendre.

 

Sam est seul parce que le «vrai» Al et l’ordinateur Ziggy n’arrivent pas à le localiser, compte-tenu du caractère très inhabituel de ce voyage.

 

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Sam est confronté à des visages familiers croisés au fil de ses aventures. Il est amené à se remémorer son principal regret: celui de ne pas avoir aidé Al parce qu’il est excessivement fidèle aux règles.

 

Dans le formidable épisode final de la deuxième saison, Sam avait rencontré Beth, une jeune femme dont le mari avait été déclaré mort au Viêt-Nam. Pour Al, il ne faisait aucun doute que la mission de Sam était d’empêcher Beth de se remarier alors qu’elle allait découvrir, à la fin de la guerre, que son mari était bien vivant, qu’il avait été fait prisonnier pendant des mois.

Mais Al était mu par des raisons très personnelles: Beth était son ancienne femme. Le prisonnier de guerre qui avait découvert à sa libération que sa femme était maintenant mariée et amoureuse d’un autre, c’était lui.

 

Persuadé que les sentiments d’Al envers la femme de sa vie, qu’il n’avait jamais oubliée, invalidait son jugement, Sam avait aidé quelqu’un d’autre.

 

Dans ce bar perdu au milieu de nulle part, Sam est amené à s’interroger sur lui-même. Sur sa maîtrise de son destin. Bien sûr il ressent la nostalgie de chez lui. Mais consacrer sa vie à rendre les autres un peu plus heureux, n’est-ce pas là sa vocation profonde ?

 

Sam a le contrôle. Et plutôt que de rentrer, son choix est de retourner en 1969 pour prévenir Beth que son mari est en vie et qu’il va rentrer, dans une scène finale très simple mais bouleversante, comme l’était déjà celle  à laquelle elle fait écho dans l’épisode «Beth». C’est très difficile pour une série de citer un de ses meilleurs épisodes sans le rabaisser en livrant un moment moins bon que l’original. Ici, le pari est réussi.

 

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C’est par une série de cartons à l’écran qu’on perçoit pleinement la portée de ce choix :

 

«Beth ne s'est jamais remariée.

 

Elle et Al ont quatre filles

et célèbreront leur 39e anniversaire de mariage en juin.

 

Le docteur Sam Beckett n'est jamais rentré chez lui.»

 

J’ai revu cet épisode pour la première fois depuis une quinzaine d’années. J’ai pleuré comme à l’époque devant la beauté de cet hommage à ce personnage de héro rêvé de l’Amérique qu’est Sam Beckett.

 

Le plus étonnant quand on considère cette fin parfaite, c’est que l’annulation de la série n’était pas certaine au moment où Bellisario l’a écrite, et qu’une fin alternative prolongeait l’épisode existant vers un cliffhanger dans lequel le barman avait ensuite envoyé Sam dans un lointain futur, très au-delà de son espérance de vie. L’ordinateur Ziggy étant incapable de le retrouver, Al serait lui-même devenu un sujet du projet Code Quantum, et voyageur aux cotés de Sam et non plus un hologramme.

 

Il est probable qu’il soit préférable que la série ait eu la conclusion qu’on lui connaît aujourd’hui.

 

 

Sullivan Le Postec

Publié dans Projections

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