LES COMICS ET LA PROVOCATION, TABOUS ET LIMITES

Publié le par Dominique Montay

Comic Con' Jour 3, la salle de conférence réunit autour de sa table des pointures du monde du comics. Mike Huddleston (entre autre Gen13), Rufus Dayglo (Tank Girl) et le duo Lee Bermejo-Brian Azzarelo (Joker). Au centre des débats des thèmes aussi forts que la violence, le sexe, et la responsabilité des auteurs vis-à-vis de ça. Une conférence fascinante hélàs un peu plombée par des éléments extérieurs.

 

Faire une conférence à côté de la zone d'autographes pour Merlin, c'est s'exposer à des cris de (très) jeunes filles (très très) aigus. La faire, en plus, à côté d'un match de Boufball, c'est s'exposer à des cris de (moins) jeunes gens. Mais cette fois-ci plus grave. De plus, faire une conférence en anglais au milieu de ce capharnaüm, c'est s'exposer à des traductions apporximatives.

 

Voir des contre-sens complets.

 

Ce fut, hélàs, le cas. Au bout d'un moment, dans ces cas-là, on a envie d'être suèdois, ou assimilé, et vivre dans un pays ou tout le monde est billingue. Ce qui, du coup, nous évite de passer par la case obligatoire de la traduction après-coup. Dans cette affaire là, on ne blâme personne. Ni les organisateurs, ni la personne qui traduit. La traduction, en soit, est un exercice compliqué, même à tête reposée. Alors en cas extrême comme celui-là...

 

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Brian Azzarello

 

Mais le fait est que ça a un peu retiré toute la spontanéïté des interventions. Ajoutons à cela que la table ronde n'était pas bien concue. Une idée qui pouvais sembler bonne au départ: noter des questions sur des papiers, les mettre dans un chapeau et les faire tirer par les intervenants. Problème: ça ralentit considérablement et use les intervenants, qui n'ont l'impression de répondre à personne et plus la sensation de faire un quiz-test dans ELLE Magazine.

 

Du coup, sous l'impulsion de Rufus Dayglo, les participants ont fini par balancer le chapeau pour demander des questions au public. Bonne idée en soit. Malgré toutes ces anicroches, plusieures interventions très intéressantes sont ressorties. Comme celle de Brian Azzarello quand il donne sa définition du terme censure. Pour lui, une major qui refuse un projet à cause de son ultraviolence n'exerce aucune censure. Elle est dans son droit. Pareil si elle demande des modifications. Pour lui, les auteurs de comic books écrivent POUR un public. Pas pour eux. Ils ne doivent pas le perdre de vue, sous peine de passer à côté de leur fonction première. La censure, selon lui, ne peut venir que de l'Etat. Son regard sur l'univers du comic book est assez pragmatique. C'est un business. Le but est d'être rentable, donc de satisfaire une audience, sans se renier, mais en prenant ça en compte.

 

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Rufus Dayglo, moins calme quand il ne dessine pas

 

Rufus est un fou. Brillant, mais un fou. Lorsqu'on lui demande quelle est la pire lettre qu'il ait reçue e réaction à son travail, il parle d'un homme qui lui écrivit un jour pour le prévenir qu'il lui donnait rendez-vous à un évnènement pour lui casser la figure. Rufus se rend à l'événement. Rufus pense connaître le type en question. Et quand ce dernier s'approche de lui, Rufus le devance et lui assène un coup de poing. Il s'était évidemment trompé de type. Mais son regard est vraiment intéressant et c'est lui qui a sorti la phrase la plus mémorable de la conférence, quand on parlait de la responsabilité des auteurs de garder à l'esprit qu'ils écrivaient aussi pour les enfants. "Les choses que j'ai vues qu'il m'ont le plus marquées quand j'étais enfant, ce sontdes choses que je n'avais pas le droit de voir".

 

Nous passerons rapidement sur l'attitude de Mike Huddleston, qui passa son temps à ne rien dire et qui, à 15 minutes de la fin, demanda avec insistance pour combien de temps il y en avait encore.

 

Intéressant, quoi qu'il arrive !

Publié dans Conférence

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