VITE VU à la Comic Con' : quelques compte-rendus de projections en bref
Bienvenue aux jeux du cirque !
Par Carine Wittman
"Spartacus", développée par Steven DeKnight, est une énième adaptation de la révolte d’un esclave contre Rome.
Surfant sur le phénomène « 300 », "Spartacus" en est l’héritier. De tout temps, on a aimé la violence dans sa plus profonde cruauté. Aujourd’hui, nous nous abreuvons de films violents et de jeux vidéos violents et de sexe dans sa phase la moins ragoûtante.
Il n’est donc pas étonnant que "Spartacus" soit un mélange de tout ça. Sexe, nudité et combats de gladiateurs sont au programme de ce pilote diffusé en exclusivité au Comic-con France ce samedi 3 juillet.
Totalement assumé, les effets numériques sont très mauvais, les scènes de combat sont un hommage à « 300 », les scènes de cul sont aseptisées et sans intérêt mais au moins l’on peut voir de belles femmes et de beaux hommes dénudés, les seins refaits ont été bannis de ce tournage. Si l’acteur qui joue "Spartacus" nous est inconnu, le reste de la distribution en revanche nous est très familier. Une Lucy Lawless complètement débridée, John Hannah dans un rôlé assez atypique pour lui et d’autres que l’on reconnaîtra au fil des épisodes.
Si le pilote est mauvais mais assumé comme tel et que l’on sait que la bande de scénaristes et d’acteurs se sont amusés jusqu’au bout, il apparaît que la qualité s’est installé au fil des épisodes. C’est une réussite pour Starz, la chaîne américaine, et ce sera sur le Bouquet Orange ciné à la rentrée.
V comme Vintage
Par Sullivan Le Postec
Juste après le Pilote de la version 2009 -- dont Dominique vous a parlé ici -- la Comic Con' nous proposait de nous replonger dans la version d'origine en diffusant la première mini-série, deux fois 90 minutes écrites et réalisées par Kenneth Johnson.
Alors oui, les effets spéciaux ont vieilli. Oui, on pouffe vraiment quand on voit les brushing des actrices. Oui, l'ensemble est parfois kitsch. Oui, tout cela est vrai. Cinq minutes.
Après on oublie. D'abord, ce n'est pas si grave: "V" était une super-production, et elle avait d'ailleurs sérieusement plombé les finances de la Warner à l'époque. Surtout, tout cela disparaît grâce à un tour de magie ancestral, une illusion de fakir à la fois commune, mais pas toujours assez bien reconnue. Cela s'appelle: "une bonne histoire". La nouvelle version de "V" vieillira elle aussi, et deviendra datée. D'ailleurs, je suis certain qu'elle vieillira beaucoup plus vite que son modèle: son esthétique numérique aseptisée et blanche étant déjà un peu démodée dès aujourd'hui. Mais "V"-2009 n'aura pas le bénéfice de cette fresque vaste (le nombre d'acteurs crédités est impressionnant), de son hyper-réalisme dans la représentation d'une arrivée d'extraterrestres sur Terre, et de sa profondeur politique -- l'oeuvre de Johnson est un hommage aux résistants allégorie qui évoque ceux qui se sont opposés aux Nazis.
Et puis la version d'origine a une qualité qui fait immensément envie après qu'on a vu son remake: elle sait prendre son temps, pour installer ses personnages, ses situations, et construire une narration cohérente. Cela lui donne une densité que des séries contemporaines plutôt ratées comme "V" ou "Flash-Forward" ne parviennent même pas à effleurer.
Il est temps de devenir un (super) héros
Par Sullivan Le Postec
Absolute Justice est un double-épisode spécial de la neuvième saison de "Smallville", diffusé comme un téléfilm d'une heure vingt-cinq en février dernier sur la CW, et récemment sur TF6. Vu son sujet et son caractère événementiel, il a naturellement trouvé sa place à la Comic Con' France.
Dans la plupart des séries, une guest-star de renom parmi les scénaristes est rarement le signe d'un très bon épisode. Un acteur célèbre peut marquer l'épisode dans lequel il apparaît. Un réalisateur célèbre, dans la vaste majorité des cas, se coulera forcément dans le moule de la série -- le rythme de tournage américain est impitoyable -- et son épisode a toute les chances de se distinguer en rien. Mais une guest-star scénariste, en revanche, a plutôt tendance à ne pas assez bien maîtriser l'univers et les codes de la série, et la déception risque fort d'être au rendez-vous. On se souvient, pour donner un exemple, de l'épisode complètement anodin de "X-Files" écrit par Stephen King.
Geoff Johns et "Smallville", c'est clairement l'exception qui confirme la règle. A chacun de décider si c'est parce que "Smallville" est suffisamment proche de l'univers de cet auteur de comics ou bien si c'est parce que le niveau moyen des scripts actuels de "Smallville" est si faible qu'il n'est pas si difficile de faire mieux. Entre vous et moi, je penche pour la deuxième possibilité.
Les lourdeurs usuelles de "Smallville" entachent Absolute Justice: la réalisation est clinquante à l'extrême, mais aussi impersonnelle et visuellement peu plaisante. Les effets numériques, jamais brillants, ont en outre beaucoup souffert des réductions du budget de production alloué dans la série. Mais Absolute Justice est suffisamment bien conçu pour qu'il soit possible de passer outre. Alors qu'on s'attaque à ses membres, Clark, Chloé et Oliver sont amenés à rencontrer les membres d'une inactive Justice Society of America. L'ambiance, d'ailleurs, est particulièrement travaillée, quitte à ce qu'elle prime sur le fond par exemple lorsque des images de l'ancienne JLA sont diffusées en Super 8, alors que les personnages recroisés par les héros n'ont pas pris une ride.
Au final, un double-épisode distrayant, plaisant, mais aussi vite vu qu'oublié. Ce qui est déjà bien mieux que le niveau habituel de la série ces dernières années, qui se contente essentiellement de livrer des épisodes mémorables pour les mauvaises raisons.